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«Ne mentez pas.»
Avez-vous un enfant préféré? Ne mentez pas. Tous les parents du monde ont un chouchou. C’est peut-être encore tabou de le dire tout haut et pourtant, la science le confirme dans une méta-analyse qui vient d’être publiée : oui, vous faites (un peu) de favoritisme parental.
Le sujet peut sembler délicat, voire tabou. Je ne connais pas un parent qui souhaite clamer sa préférence pour sa fille ou son garçon, son benjamin ou son aînée.
Mais depuis des décennies, les études scientifiques affirmant qu’une telle préférence existe s’empilent. Et voilà qu’une méta-analyse, menée par des chercheurs américains et publiée le 16 janvier dans le Psychological Bulletin de l’Association américaine de psychologie, se penche sérieusement sur la question.
Des dizaines de bases de données, de thèses, d’articles de journaux et de revues scientifiques ont été étudiées, analysées et résumées. En tout, ce sont près de 20 000 participants qui sont concernés.
La conclusion ? Les parents ont bel et bien un enfant favori.
Et c’est qui ? Sans grande surprise, la vaste étude indique qu’il s’agit bien souvent de l’enfant « appliqué et consciencieux » et généralement d’une fille. La position dans la fratrie et le tempérament ne comptent pas vraiment dans le choix du chouchou.
Même si les parents tentent de parer à cette préférence naturelle, il n’en demeure pas moins que l’enfant préféré aura droit à toutes sortes de petits privilèges — plus de liberté, de permissions accordées, d’argent de poche, par exemple.
Cela n’est pas sans conséquences.
Les chercheurs démontrent que l’enfant chouchou se développe mieux, a une meilleure santé mentale et des relations plus saines. À l’inverse, celui qui est moins favorisé a moins d’interactions avec les autres, risque de connaître des difficultés scolaires et contrôle moins bien ses émotions.
Bonjour la culpabilité parentale !
On a soi-même été le favori (ou pas) de ses parents — et voilà qu’on reproduit le modèle.
Pour renverser la tendance, je me dis que la première chose à faire, c’est de se l’avouer. À soi-même et à l’autre parent.
Faire un peu d’introspection et être suffisamment lucide (et courageux) pour admettre que « eh oui, notre chouchou est xyz » est un premier pas. Qui sait, peut-être a-t-il un faible pour l’autre enfant ? Cela aurait l’avantage de rééquilibrer les relations — et de calmer un peu nos angoisses d’être un parent ingrat.
Et si ensuite on faisait attention au traitement qu’on réserve à nos enfants ? Le traitement de faveur, ça fait mal. Les enfants ne sont pas dupes. Ils voient tout, entendent tout et savent faire des déductions.
Éviter les répercussions négatives sur l’ensemble de la famille, c’est aussi ça, la job de parent.
Je me demande malgré tout si ce n’est pas une relation qu’on préfère, et non un enfant. Quand c’est plus facile, plus fluide, que les échanges paraissent plus harmonieux, n’a-t-on pas tendance à aller naturellement vers cet enfant ?
Peut-être qu’on préfère aller se balader avec l’un, mais manger en tête-à-tête avec l’autre ? Et peut-être que cela change dans le temps ?
Je ne crois pas que le fait d’avoir un chouchou signifie qu’on donne moins d’amour à l’autre enfant. Rien à voir. Au contraire même !
En se l’admettant et en l’acceptant, on devient plus conscient et plus apte à faire attention, à mesurer nos élans.
Si vous niez toujours l’existence d’un enfant préféré dans votre cœur, je vous révèle un truc pour le découvrir : son prénom est plus souvent choisi comme mot de passe. Oui, oui ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est un test devenu viral sur TikTok il y a deux ans.
Alors ? Avouez-vous maintenant ?
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