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Lorsque notre enfant nous semble gâté, peut-on le «dégâter»?
La période la plus festive de l’année s’amorce. Êtes-vous pris d’une soudaine frénésie? Vous lancez-vous corps et âme dans la consommation? Bouffe, cadeaux, décorations, vêtements: le ménage moyen dépensera 1059$ pour ses achats cette année au Québec, soit 43% de plus qu’il y a cinq ans.
Selon le baromètre du Conseil québécois du commerce de détail, 61% des Québécois donnent des cadeaux dans le temps des Fêtes, et ce, peu importe l’état de leur portefeuille. Et 42% des achats seraient déjà faits.
C’est un peu comme si Noël était un moment privilégié, dans une bulle, protégé de l’inflation galopante qui fait exploser les prix de la dinde, du beurre, des jouets et des tenues scintillantes.
Mais peu importe le revenu disponible, les envies et la liste de cadeaux au Père Noël qui s’allonge, certains décident d’emprunter la voie de la simplicité. Des parents qui disent non à leurs enfants, petits ou grands, ça existe.
J’en suis.
Quand ils étaient plus jeunes (ils ont aujourd’hui 14 et 16 ans), je m’appliquais à respecter la règle des 4: un item dont ils ont besoin, un cadeau qu’il demande, un truc à lire et un truc à porter. Le but? Me tenir loin des présents inutiles, des bébelles en plastique fabriquées en Chine, dont ils se désintéressent au bout de quelques semaines voire jours.
Aujourd’hui, ce sont des adolescents, avec des demandes d’adolescents. Les gadgets électroniques et les objets technologiques trônent au haut de leur palmarès de cadeaux. Je ne suis pas contre sauf que… ils doivent participer au cadeau avec leur propre argent (tous les deux travaillent occasionnellement) et le cadeau de Noël compte pour deux, soit à la fois pour cette fête et leur anniversaire.
Aussi, selon le montant dudit objet de convoitise, je sollicite la participation des grands-parents ou autres personnes de la famille qui me réclament «des idées de cadeaux». Tout le monde est heureux et le coût est amorti.
Chaque année, à cette période-ci, je me questionne: est-ce qu’on donne trop de cadeaux aux enfants à Noël? Comment éviter la surconsommation tout en préservant l’esprit et la magie des Fêtes?
D’une part, j’ai le souci de faire plaisir à ma progéniture. Mais est-ce que leur faire plaisir passe vraiment par le geste de leur donner quelque chose? Est-ce qu’un moment privilégié passé ensemble est une avenue intéressante? Par exemple, une sortie au musée et ciné avec ma fille puis une escapade aux glissades et au resto avec mon fils?
Je vous garantis que si on suit les intérêts des enfants, même une fois adolescents, ce genre de stratégie fonctionne à merveille. Et quand on prévoit le coup à l’avance, en mettant des sous de côté petit à petit avant les Fêtes, c’est accessible.
L’idée est de suivre son budget et ses valeurs — pas de faire compétition avec son entourage, ses amis, sa famille… Ah le fameux syndrome du voisin gonflable!
J’aime aussi me remémorer les sages paroles d’une amie psychoéducatrice qui m’a récemment rappelé qu’un enfant «ne naît pas gâté». Souvent, il va s’attendre à en recevoir plus parce qu’il en a reçu beaucoup dans le passé…
Autre point dont nous avons discuté: lorsque notre enfant nous semble gâté, peut-on le «dégâter»?
La réponse est oui. D’abord en faisant une petite introspection (est-ce que notre approche, comme parent, est adéquate? Quelle est notre propre comportement côté consommation?) et en partageant nos réflexions avec notre enfant.
Et ensuite, en fixant des limites — et en s’y tenant! Elle me rappelait d’ailleurs la règle des 5 C, toujours pertinente: les consignes et les limites devraient être claires, concrètes, cohérentes, constantes et conséquentes. Je sais, je sais, ce n’est pas toujours facile. On fait tous du mieux qu’on le peut!
Je deviens un peu meilleure chaque année en refusant de céder aux élans de (sur) consommation. Et je ne me gêne pas pour en parler à mes proches, je les mets en garde : la simplicité et la sobriété ont meilleur goût.
Oui à la joie. Non à l’avalanche de cadeaux.