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Société
Chronique |

«Une autre claque sur la gueule»

La menace tarifaire de 25% de Trump crée de l’angoisse chez les employés du milieu de la construction.

Dans le milieu de la construction, où l’acier et l’aluminium sont d’importants matériaux exportés vers les États-Unis, la menace tarifaire de 25% de Trump crée de l’angoisse chez les employés. Ils sont plongés dans l’incertitude pour encore au moins trente jours.

Trente jours, c’est le sursis que le président américain Donald Trump a accordé lundi au Canada avant d’imposer des tarifs sur les exportations.

 

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Si les citoyens à travers le pays ont poussé un gros soupir de soulagement collectif, les employés des industries qui pourraient être cruellement touchées par les menaces de tarifs douaniers, eux, sont encore inquiets.

«C’est comme une autre claque sur la gueule, dit Annie, une estimatrice qui travaille dans le milieu de l’acier dans la région montréalaise. On avait réussi à se stabiliser à nouveau après la pandémie, mais là, c’est extrêmement anxiogène.»

Le prix des matériaux qui entre dans les soumissions bondit — et il est appelé à grimper encore. Mais de combien?

«On avait une surcharge de 8% pendant la pandémie, raconte-t-elle, et on l’a enlevé il y a deux ans. On l’a remis hier, mais plus bas… Comment établir les prix de soumissions quand on ne sait pas ce qui s’en vient? C’est pathétique!»

«Trump fait ch*er»

Le stress est aussi à son apogée dans la famille Huard où les deux parents ont des emplois dans des industries visées par la menace tarifaire.

Marie-Christine travaille dans le milieu acéricole, où les tarifs risquent d’être appliqués, et son conjoint fait de la manutention dans une usine d’aluminium.  

«On ne dort pas très bien, dit la mère de famille de deux enfants de 8 et 11 ans qui habite dans la région du Centre-du-Québec. Mon patron n’est pas alarmiste, mais je me doute bien qu’il fait des simulations et des scénarios de mises à pied. Ils sont obligés d’y penser!»

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L’ambiance de travail est désastreuse, laisse tomber son conjoint qui craint pour son emploi.

«Une nouvelle section de l’usine a été récemment automatisée et il y a eu une vague de coupures, dit le quinquagénaire. Et là, c’est Trump qui fait ch*er et risque de nous faire perdre nos jobs.»

«La pression vient de partout»

Myriam craint elle aussi de perdre son emploi. L’entreprise pour laquelle elle travaille, basée en Ontario, vend des pièces et des services dans le domaine de l’aérospatial.

«Tous nos contrats, absolument tous, sont destinés aux États-Unis, lance la Sherbrookoise de 47 ans. Et le pire, c’est qu’en ce moment, nos collègues américains ne semblent pas trop au courant de ce qui se passe. Ils ne sont pas dans la game

Myriam attend impatiemment les directives et les consignes de la direction. Selon elle, ses supérieurs sont plongés dans le noir eux aussi.

«Ils ne savent pas sur quel pied danser, dit-elle. La pression vient de partout. Mes boss se retrouvent pris entre la pression qui vient des clients et des employés et celle mise sur les fournisseurs. C’est stressant, c’est fou.»

Rappelons que selon le gouvernement Legault, la menace tarifaire pourrait causer la perte de 100 000 emplois au Québec.

Ce que ce mauvais présage ne dit pas, c’est qu’en attendant, des milliers de Québécois vivent dans l’angoisse et la précarité, sans savoir ce qui se passera dans un mois, dans les prochains jours, les prochaines heures.

«On a tous fait “ouf” quand Trump a accordé le délai de trente jours, mais comme il change d’idée comme il change de chemise, on ne peut pas baisser la garde», conclut Annie.

*Annie, Marie-Christine et Myriam ont toutes accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat craignant les représailles de leur milieu de travail

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